Culture

Mbororo de la Tandjilé : un exemple d’intégration

Mbororo de la Tandjilé : un exemple d’intégration 1

Artiste comédien habitant Kélo dans la Tchadjilé, Nassour Oumarou Sambo est un Mbororo qui bouscule les codes. Il a choisi l’art pour passer des messages de paix au peuple tchadien.

Au Tchad, les Mbororo (Peulhs) sont souvent associés aux bergers nomadisant de savanes en plaines pour paitre le bétail. Nassourou Oumarou Sambo lui n’est pas de ceux –là. Né en ville, son style vestimentaire demeure cependant le même que ses congénères. C’est un choix volontaire. La seule différence, l’artiste arbore de haut en bas, les couleurs du tricolore tchadien. A Kélo, il est facilement reconnaissable d’entre tous. Celui qui a pris pour nom de scène « Mbororo de la Tandjilé » ne passe pas inaperçu malgré sa frêle silhouette. Maquillé exactement comme un jeune berger de sa communauté, il est populaire dans toute la Tandjilé et des villes voisines comme Moundou où prenant son bâton de pasteur, il mène une vie de nomade, non pas à la recherche de nouveaux pâturages, mais pour apporter un message de paix et d’unité. Car ce Mbororo est optimiste quant à « un Tchad nouveau où tout le monde trouve sa place sans faire du mal à l’autre ».

Son identité peule, Nassorou la revendique. « J’ai choisi comme nom de scène Mbororo de la Tandjilé parce que les peulhs sont négligés et beaucoup de gens pensent que nous ne sommes pas instruits. Je ne vois pas cette appellation comme une injure. J’en suis fier et j’ai choisi de défendre l’identité peulh », précise-t-il.

C’est en 2005 alors qu’il était élève que ce curieux, amateur de théâtre décide d’apprendre la comédie. Il est parvenu à mettre sur pied une troupe théâtrale dénommée « Mbororos de la Tandjilé ».

Parallèlement, il apprend la couture qui devient sa source de revenus. Bien intégré dans sa ville, ce natif de Kélo s’y sent comme un poisson dans l’eau et rêve d’aller loin. « Il n’y a qu’au Tchad qu’on pense que les Mbororo ne doivent être que derrière les bœufs. Ailleurs, il y en a qui sont ministres, directeurs généraux et même président », confie le comédien. Ce peulh ayant grandi en ville a été à l’école jusqu’en terminale et a composé le bac par deux fois sans succès.

Pour Nassourou, l’art est une mission qu’il prend très au sérieux dans une province en proie aux conflits éleveurs/agriculteurs qui endeuillent les familles. « Je suis devenu artiste pour dire au monde que nous les Mbororo ne sommes pas agressifs et depuis la nuit des temps, nous avons vécu à côté des agriculteurs. De nos jours, les politiciens ont fait de sorte qu’il y a de la méfiance entre les communautés », explique Nassourou Oumarou Sambo qui pense que, culturellement, sa province est très en retard du fait du manque des débouchés et de la rareté des occasions pour lui et sa troupe d’apporter le message qui est le leur aux populations de la Tandjilé et au-delà.

Abgué Boukar Christophe