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Sandanan: après le massacre, des cas de viols collectifs enregistrés

Sandanan: après le massacre, des cas de viols collectifs enregistrés 1

Après un séjour de quelques jours à Sandanan pour échanger avec les proches et parents des victimes du massacre du 9 février dernier, le comité de gestion de crise a rendu public les conclusions de ces échanges. Ce comité a enregistré des témoignages de viols collectifs des femmes de Sandanan par des éleveurs.

Plus de 2 mois après le massacre ayant occasionné la mort de 12 personnes à Sandanan, les autochtones, « terrorisés par les militaires » vivent d’après le comité de gestion de crise entre le marteau et l’enclume. « Tout ce qu’a vécu la population de Sandanan en ce jour du 09 février jusqu’à maintenant relève d’une apocalypse. (…) Les forces de défense et de sécurité dépêchées aux fins du désarmement se sont volontairement trompées de cibles et se sont rabattues sur les lieux de culte et sur des personnes innocentes qu’elles savaient d’avance ne pas détenir une quelconque arme à feu », dénonce Ndiguingue Mayana, président du comité de crise. Une situation qui, d’après lui, accentue le climat de terreur et de peur incessante dans tout le canton. « Toutes les activités sont à l’arrêt et personne n’ose s’aventurer hors du village, ne serait-ce que pour aller faire ses besoins vitaux, ou pour commencer à défricher les champs comme c’est la période indiquée pour préparer les espaces à cultiver », rapporte-t-il.

D’après lui, le mode d’intervention des militaires dépêchés depuis N’Djaména pour désarmer aujourd’hui les populations n’inspire pas confiance et les aller-retour des éleveurs semblent destinés à narguer les autochtones. «

Des cas de viols collectifs

Au-delà du massacre, d’autres éléments viennent s’ajouter à la situation de terreur que vivent les populations de Sandanan. « Les femmes ont rapporté des cas de viols collectif qui ont eu lieu par le passé sous menace d’arme à feu», rapporte le président du comité de crise. Sandanan vit dans un désarroi total assure Ndiguingue Mayana pour qui, si les populations autochtones ne meurent pas par les armes à feu détenues par les éleveurs, elles risqueront de crever de faim, car la campagne agricole 2022/2023 étant hypothétique. « Aucune femme n’ose aujourd’hui aller elle-même ou laisser ses filles sortir du village de peur de subir d’autres actes de viols ».

C’est donc une population hantée qui ploie sous les menaces des militaires dépêchés pour le désarmement mais qui, partagent thé et repas quotidiennement avec les éleveurs et terrorisent les autochtones. « La peur et le sentiment d’abandon se lisaient aisément sur les visages rencontrés à Sandanan. Que va-t-il se passer dans les jours, semaines et mois à venir ? Personne ne le sait avec exactitude mais l’interrogation est là », révèle-t-il.

Malgré la situation, le président de comité de crise prévient : « plus jamais rien ne doit être comme avant. Le comité ne reculera devant rien. Il sera aux côtés des populations autochtones de Sandanan aujourd’hui et à d’autres à l’avenir pour leur apporter ce qu’il peut. Sandanan doit marquer le début d’un renouveau et de la libération pour la communauté Sara dans son ensemble ».

Stanyslas Asnan