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L’Afrique face aux défis de l’économie Post-Pétrole

L’Afrique face aux défis de l’économie Post-Pétrole 1

L’Afrique face aux défis de l’économie Post-Pétrole

C’est le thème d’une thèse de Doctorat en Sciences Economiques soutenue ce 30 septembre 2016 à l’Université de Paris 1, Panthéon Sorbonne par le Tchadien Succès Masra, qui est Economiste Principal à la Banque Africaine de Développement et membre de l’Equipe du nouveau Président de la BAD pour le Développement des Energies Renouvelable en Afrique. 

Cette thèse dirigée par le Professeur Gaël GIRAUD, chef économiste de l’Agence Française de développement a reçu du Jury la Mention Très honorable. A l’heure où les pays africains font face aux difficultés financières liées aux  pertes de revenus de leur pétrole et au manque de diversification de leurs économies, Succès Masra esquisse ici des solutions possibles pour redresser les économies africaines et promouvoir les Energies Renouvelables. Une thématique  d’actualité qu’il a accepté de partager avec votre hebdomadaire.

Dr Succès MASRA : «Je viens d’un pays le Tchad, qui malgré son potentiel en pétrole ou en énergie solaire, a 3% de taux d’accès à l’électricité. J’ai moi-même commencé mes études au village il y a une vingtaine d’année avec une lampe à pétrole et malheureusement cette réalité est encore celle de nombreux jeunes élèves aujourd’hui, parfois dans les villes. Je viens d’un continent, l’Afrique qui,  malgré son potentiel en énergies renouvelables (solaires, éolien, et hydroélectrique), a 645 millions d’habitants  sans accès à l’électricité. Tout cela exige des solutions planifiées, réfléchies et durables. C’est à ces douze millions de Tchadiens sans accès à l’électricité et ces 645 millions d’Africains sans accès à l’électricité qu’est dédiée cette thèse qui est un appel à des actions plus volontaristes, car comme le dira Talleyrand, «  quand c’est urgent, c’est déjà trop tard ». L’Afrique, pensons-nous, doit dès aujourd’hui préparer l’après-pétrole !

Il s’agit de faire quoi concrètement?

C’est à cet exercice de solutions concrètes, basées sur mon expérience comme Economiste Principal à la Banque Africaine, doublée des recherches théoriques qu’est consacrée cette thèse.  Je me suis basée sur mon expérience à la Banque africaine de développement parce que j’ai eu l’occasion en 5 ans d’être économiste et analyste financier des projets tels que la Centrale Solaire Ouarzazate au Maroc qui est la plus grande centrale au monde  ou encore la centrale hydroélectrique Inga en RDC. Ce que j’aborde comme démarche dans cette thèse, au-delà des recommandations destinées au secteur de l’Energie, c’est un appel à une démarche de diversification et de meilleure gestion de ressources naturelles sur le continent africain.

Je serai heureux d’échanger avec les gens du secteur public, du secteur privé, les décideurs de tous ordres sur les conclusions des analyses réalisées dans le cadre de cette thèse doctorale. Je serai surtout heureux d’échanger avec les jeunes générations, tous ceux qui veulent réfléchir à des solutions durables pour nos économies ; car faut-il le rappeler, l’une des grandes batailles de demain, c’est la bataille de maîtrise de l’Energie et ceux qui auront maîtrisé leurs sources d’énergies durables, auront un avantage compétitif. Sans énergie, ou sans gestion optimale des ressources énergétiques comme le pétrole,  point d’émergence.

Et les principales conclusions de ces travaux?

L’économie, vous savez, c’est avant tout la science d’administration des ressources par nature rares, pour réponde aux besoins des citoyens qui sont par nature nombreux. Le vrai Leadership de demain, il est d’abord économique et sans doute dans le monde de demain, les jeunes générations doivent le savoir, les décideurs publics seront d’abord et avant tout choisis et jugés pour leur capacité à être de bons guerriers économiques, avertis économiquement et qui fassent de bons choix économiques pour un développement inclusif, un développement qui ne laisse personne sur le carreau.

Permettez-moi, en  tant que jeune Economiste, de profiter de  vos colonnes pour surtout encourager les jeunes à croire en eux-mêmes dans l’obscurité, dans la vallée de l’ombre et à se battre pour être utiles à leur milieu immédiat et  à leur pays. Qu’ils peuvent commencer au village avec une lampe à pétrole et finir un jour leur thèse avec une mention très honorable à la Sorbonne. Mais comme le dira Martin Luther King, la question qui se posera à vous, c’est « que faites-vous pour les autres qui vous suivent »? Allez-vous encore leur laisser un Tchad, une Afrique avec les mêmes maux que vous avez trouvés ? J’espère que la réponse est non ».