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Jugement des leaders de Wakit Tamma : barreau du Tchad exprime son indignation

Jugement des leaders de Wakit Tamma : barreau du Tchad exprime son indignation 1

Dans un communiqué de presse, le président de l’ordre des avocats du Tchad Me Djerandi Laguerre Dionro se dit profondément préoccupé par les violations des règles de procédure suite l’arrestation, la déportation et le jugement des leaders de Wakit Tamma.

Réunis en assemblée générale, les avocats tchadiens ont dénoncé les violations flagrantes et continues des régles de procédure suite à l’arrestation des six leaders de Wakit Tamma. « Apres un mode opératoire d’arrestation hors de la légalité, une violation flagrante des articles 435 et suivant du code de procédure pénale (…), le barreau a constaté avec surprise la sortie d’un rôle pour l’audience du 6 juin 2022 à se tenir à Moussoro au lieu de N’Djamena comme l’avaient rassuré les autorités publiques notamment le ministre de la sécurité publique assurant à ce moment l’intérim du ministre de la justice », déplore le président de l’ordre des avocats du Tchad Me Djerandi Laguerre Dionro.

Le bâtonnier trouve inconcevable que le Tribunal de N’Djamena qui a un ressort territorial bien défini, prétend tenir une audience foraine a Moussoro. « C’est une incongruité, une aberration Juridique pure et simple », fustige-t-il. Me Djerandi Laguerre Dionro rappelle tous ceux qui sont impliqués « dans cette tragédie judiciaire » des engagements internationaux du Tchad et les lois nationales en matière de droit de la défense. Il rappelle « la mauvaise interprétation de la hiérarchisation du parquet qui est confondue avec tout notamment l’obéissance sans discernement aux instructions mêmes manifestement illégales » et « le serment du magistrat qui ne rend compte qu’a la loi et son intime conviction. Ce qui signifie dire le droit ».

Le bâtonnier trouve malsain et déplorable que les magistrats professionnels, laissent échapper des principes aussi élémentaires. « De tels actes n’honorent ni notre justice, ni notre pays mais lancent un discrédit aux yeux de l’opinion national et internationale. Tout cela remet une fois encore à l’ordre du jour, la question de l’indépendance réelle de la justice compromise en grande partie par les acteurs judiciaires eux-mêmes, la nomination des magistrats d’une probité morale et compétence avérées et par conséquent la méfiance et le manque de confiance légitimes du tchadien envers la Justice de son pays puisque, dans ces conditions, la justice elle-même créée l’insécurité qui se retourne aussi contre elle », dénonce-t-il.

Pour le Barreau les acteurs judiciaires à passer outre les calculs, les intérêts, « le faire plaisir pour garder son poste » et de faire constamment preuve de loyauté au droit, tous les actes qui « vont être posés par le Tribunal de grande instance de N’Djamena en audience dite foraine à Moussoro seront nuls et de nuls effets au regard du droit ».

Le barreau appelle les autorités de transition à poser des actes forts pour apaiser le climat social et ce, par la libération des personnes détenues parmi lesquelles deux avocats.

Stanyslas Asnan