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Revue de presse de la semaine du 19 au 25 novembre 2018

Revue de presse de la semaine du 19 au 25 novembre 2018 1

Revue de presse de la semaine du 19 au 25 novembre 2018

Depuis plus de deux semaines, la guerre à l’extrême nord du pays a largement a été commentée dans les colonnes des organes de presse ainsi que la fermeture et la mise en demeure des pharmacies et cabinets de soin dans les dix arrondissements de la capitale après contrôle du ministère en charge de la santé.

A cela, s’ajoutent le report de la date des législatives et le déversement des eaux toxiques dans les champs, cours d’eau et habitations à Melom, dans la zone pétrolière de Badila, par une digue de la compagnie Glencore.

« Qui combat l’Ant à Miski », s’interroge Abba Garde qui relève que la taille de la résistance opposée par la population de cette partie du pays mérite des questionnements. « Où a-t-telle trouvé des mines anti-personnelles pour barricader l’entrée de Miski ? Comment a-t-elle pu se munir des missiles anti-aériens pour inquiéter l’aviation de l’armée ? Combien d’hommes compte la population de Miski pour faire face à plus de 1000 bonhommes de l’armée régulière ? Quels sont les moyens de communication qui permettent au comité d’autodéfense de surveiller les positions des forces gouvernementales », se demande l’hebdomadaire Abba Garde qui précise que cette population bénéficie d’un redoutable soutien extérieur que les deux parties en présence se gardent de révéler. « Pour sûr, ce comité d’autodéfense, s’il en existe, est un grand arbre qui cache une forêt bien dense », informe-t-il. « Au secours ! Les démons de la guerre sont dans nos murs !», s’exclame La Voix. Pour lui, c’est pour la énième fois de son histoire que le Tchad bascule dans un conflit armé et la situation dans la partie septentrionale du pays est complètement confuse. « Les forces loyalistes s’y affrontent depuis quelques mois, tantôt des factions rebelles du conseil militaires pour le salut de la République (Ccmsr), né de le scission en 2006 du front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), qui manifestent des velléités de renverser le pouvoir de Déby, tantôt le comité d’autodéfense réfractaire à l’autorité de l’Etat et opposé au morcèlement du Tibesti et à l’exploitation de l’or de Miski, tantôt encore des orpailleurs esclavagistes », déplore-t-elle. Pour cet hebdomadaire, cette guerre, qu’elle soit pour l’or, l’argent ou le pouvoir a bien commencé. « Elle est là et bat son plein dans le Tibesti. Les jours et les mois à venir seront chargés d’angoisse, car le Tchad s’achemine lentement mais sûrement vers une fin d’année plus que mouvementée », note La Voix qui annonce que : « quoi qu’il en soit, la guerre n’arrange personne. Au-delà des pertes en vies humaines, cette guerre qui se manifeste sera plus que désastreuse pour une économie exsangue ». « La guerre de l’or a bien commencé ! », s’exclame Le Pays qui n’en revient pas à ses yeux. « Nous ne pensions pas que ce que nous redoutions il y a deux semaines prenne forme. Depuis samedi, l’armée affronte dans le Tibesti des groupes qui se nomment, selon le côté où on se trouve, ‘’comité d’autodéfense, force de la résistance ou orpailleurs-esclavagistes’’. Une chose est sûre, dans cette confusion, des armes tchadiennes tuent des Tchadiens autour d’intérêt économiques et politiques », regrette votre hebdomadaire qui annonce que le pays ne sortira sitôt du cycle de la violence politique.

« Les législatives, un véritable serpent de mer », commente désabusement Abba Garde qui précise que les élections législatives annoncées pour le mois de novembre sont reportées sans précision sur la nouvelle date. « Se teindront-elles un jour ?», s’interroge cet hebdomadaire qui note précise que la législature actuelle qui a dépassé son mandat ne prendra pas fin sitôt. « Annoncées à plusieurs reprises pour novembre 2018, les législatives ne peuvent être tenues à cette échéances. Pire, aucun autre calendrier n’est défini », déplore Abba Garde. Pour lui, en dépit de la mise en place du Cadre national de dialogue politique (Cndp) et l’adoption du projet de loi, portant création de la commission électorale nationale indépendante (Ceni), rien n’est sûr, car estime-t-il : « tout le problème concerne le nerf de la guerre». « Déby prépare son prochain coup Ko », lance  pour sa part N’Djaména Hebdo qui décrit la démultiplication des unités administratives dans fiefs électoraux du parti au pouvoir comme : « un processus de musellement de la presse libre et des associations engagés. Le président Déby ne lésine sur aucun moyen pour s’assurer d’une future victoire électorale sur une opposition amorphe et trop divisée ». Pour N’Djaména Hebdo, le report des élections législatives pour mai 2019 n’obéit à aucun souci d’ordre technique ou financier. « Ce n’est que du ’’reculer pour mieux sauter’’ au regard des frustrations qui polluent l’atmosphère politique, nonobstant des arrangements politiciens des principaux acteurs ayant conduit à la mise sur pied de ce qu’ils ont convenu de baptiser le cadre national de dialogue politique (Cndp) ’’rénové’’. Des faits et des actes pour justifier, il y en a à revendre », martèle-t-il.

« Assemblée nationale : vous avez dit session budgétaire », s’interroge La Voix qui regrette que les députés, convoqués à cette 2ème session parlementaire pour discuter et adopter la loi des finances passent leur temps à valider les ordonnances prises à la fois à l’intersession et bien avant. « L’assemblée nationale s’échine tel un beau diable à avaliser systématiquement à travers le vote mécanique des ordonnances. Et des interpellations farfelues parce que sans issue dans la mesure où les députés et les ministres interpellés ne font qu’amuser la galerie. Jusqu’à preuve du contraire, aucune résolution de la représentation nationale n’a été traduite dans les faits par l’exécutif », ajoute-t-il. Elu du peuple toujours mais cette fois dans le domaine extra-législative. « Arrestation du député de Nokou pour un mariage ’’avec une fille de 14 ans’’ : la défense charge le parquet de violation de la loi », lance Le Progrès. Le quotidien de rapporter que le député est arrêté à minuit chez lui. « Aucune arrestation ne peut être opérée au domicile d’un citoyen avant 5 heures du matin et après 19 heures », dénonce l’un des conseils du député citant en exemple l’article 71 du code de procédure pénale. « Après avoir contesté, par acte de naissance, l’âge de 14 ans attribué à Zouhoura Mahamat Tahir (née le 26 avril 1999), pour arrêter le député Azzaï Mahamat Hassane de s’être marié à elle, le collectif d’avocat de l’élu de Nokou charge le parquet de N’Djaména de l’avoir arrêté et de le détenir illégalement », relève-t-il. « Affaire député Azzaï : Zouhoura Mahamat Tahir n’est pas une mineure », renchérit sur sa page Web Le Pays qui a eu une copie d’acte de naissance de la fille, transmise par les avocats de la défense. « Le député Azzaï n’a pas été pris en flagrance, car aux termes de l’alinéa 1 de l’article 265 du code de procédure pénale, est qualifié de crime ou délit flagrant celui qui se commet actuellement ou vient de se commettre. Les conditions de son arrestation (minuit) violent les règles élémentaires en matière de libertés individuelles », dénonce Me Tordé Djimadoum, des avocats du député qui se dit serein et appelle à sa libération. Une affaire qui ressemble à un feuilleton et dont les Tchadiens attendent patiemment l’aboutissement.

« N’Djaména et ses officines de la mort », lance N’Djaména Hebdo qui annonce que sur 321 établissements sanitaires privés contrôlés dans les 10 arrondissements de N’Djaména, 92 doivent être fermés pour manquement graves et 101 autres mis en demeure. « La mise en demeure concerne les établissements dans lesquels on constate la présence des agents de l’Etat pendant les heures de travail, le décès du titulaire de l’arrêté d’ouverture dépassant le délai de gérance, des détenteurs des autorisations de fonctionnement non inscrits aux ordres et la pratique des activités médicales non autorisées. Pour ceux qui doivent fermer, on leur reproche de fonctionner sans arrêté d’ouverture, avec des arrêtés falsifiés ou loués aux non-professionnels, des cabinets de soin et/ou labo non-autorisés annexés aux dépôts et officines », relève-t-il. « N’Djaména : les 2/3 des établissements sanitaires privés ne sont pas en règle », ajoute Abba Garde qui relève que cela s’explique par l’approvisionnement des médicaments dans les dépôts pharmaceutiques exerçant sans autorisation ainsi que l’origine douteuse des médicaments dans ces pharmacies et cabines mais aussi l’insalubrité. « La mission recommande la fermeture formelle des établissements illégaux, le suivi des établissements mis en demeure, l’extension de ce contrôle dans les provinces, l’harmonisation des tarifs des actes médicaux dans tous les établissements privés et l’instauration de la surveillance épidémiologique dans le secteur privé », complète-t-il. « Contrôle de conformité des structures sanitaires privés : 92 pharmacies, cliniques et cabinets interdits d’exercer », renchérit La Voix. Pour cet hebdomadaire, l’étau se resserre autour des établissements sanitaires privés. « Une bonne partie de ces structures qui ne s’est pas conformée aux normes et standards doit impérativement fermer », martèle-t-il. Pour lui, il s’agit d’un sacré coup de balai dans l’écurie d’Augias. « Reste à savoir si les dispositions nécessaires seront prises pour traduire dans les actes ces pertinentes recommandations afin de redorer le blason du secteur de la santé », fulmine-t-il.

« Déversement des eaux toxique : des habitants d’un village de la zone pétrolière de Badila dans le désarroi », annonce Abba Garde qui précise qu’une digue de la compagnie de Glencore s’est rompue en septembre dernier dans cette zone occasionnant le déversement des eaux toxiques dans les champs, cours d’eau et habitations du village Melom. « Des personnes qui se sont baignées dans ces eaux souffrent de démangeaisons, d’éruptions cutanées, de brulure de corps. Des cas de perte en bétails ont été également notifiés », rapporte-t-il. « Déversement de brut à Mélom/Badila : c’en est de trop, Glencore doit s’assumer !», s’exclame L’Observateur qui annonce des allergies sévères empêchant des victimes d’avoir sommeil. « On dénombre 19 paysans ayant fait usage de ces eaux contaminées qui souffrent de graves démangeaisons et de sensations de brulures et des plaies béantes sur leurs corps. Une jeune fille de 24 ans, enceinte qui a fait usage de l’eau a vu sa jambe brûlée et a des interminables démangeaisons. Un éleveur a perdu 36 têtes de bœufs, un autre a perdu 10 moutons et 10 autres femelles ont fait des mort-nés », dénombre L’Observateur qui précise que Glencore tarde à reconnaitre ce tord.

Stanyslas Asnan