Edito

Opération séduction !

Opération séduction ! 1

Le mardi 19 avril dernier, Mahamat Idriss Deby, le président de la junte militaire au pouvoir s’est adressé à la nation à l’occasion de l’an un de la mort du Maréchal du Tchad, Idriss Deby Itno et de la prise du pouvoir par ce que l’on nomme le Conseil militaire de transition, une prise de pouvoir qui est pour une bonne partie de l’opinion, un coup d’Etat perpétré par la bande de 15 généraux issus de différents corps de l’armée nationale tchadienne.

Justifiant leur forfait par le refus de Haroun Kabadi alors, président de l’Assemblée nationale du Tchad à qui le pouvoir était dévolu en cas de vacance de pouvoir, la junte s’est installée et commence à s’incruster. Mais pour le président de la junte, le putsch du 20 avril 2021 était «une action salvatrice pour combler le vide institutionnel consécutif à la disparition du Président de la République». Pour lui, il fallait sauver le néant institutionnel. Un air de déjà vu si l’on se réfère à une des déclarations de Déby qui a affirmé avoir été maintenu au pouvoir par la France.

Alors qu’on l’attendait sur une déclaration faisant allusion à comment faire pour achever la transition à qui, il ne reste logiquement que 6 mois avant d’organiser les élections et de remettre le pouvoir aux civils comme il se doit, Mahamat Idriss Deby Itno qui semble prendre goût au pouvoir décide de faire une opération séduction, en rappelant ses réalisations (la situation sécuritaire est stable et contrôlée, le soldat est payé à la solde indiciaire, le paiement sans retard des salaires des agents civils et militaires de l’État, le règlement à terme échu des pensions des retraités ainsi que le paiement de 50% de leurs arriérés pour environ 13 milliards de francs Cfa, le versement des cotisations patronales et salariales des agents contractuels de l’État à la Cnps chaque fin de mois, l’apurement progressif des arriérés dus aux fournisseurs de l’Etat…).

De prime abord, le Pcmt a passé l’essentiel de son temps à justifier les réalisations de l’an un du Cmt. Plus préoccupant encore, Mahamat Idriss Deby Itno n’a aucunement fait allusion à la modification de la charte de transition réclamé par l’Union Européenne ainsi qu’une bonne partie de l’opposition politique. Ce qui justifie l’argument de ceux qui pensent que le Cmt n’est pas prêt à rendre le pouvoir aux civils.

Rédaction